Chez le dentiste

De l’armée de terre cuite à une triple visite chez le dentiste.

Xi’an est connue de par le monde pour son armée de terre cuite. Mais les Chinois, qui aiment bien manger, apprécient aussi beaucoup ses nougats. Ils sont effectivement excellents. Le problème, avec les nougats, c’est que parfois, on y laisse un peu de soi…

Pour regarder la fabrication du nougat à Xi’an, cliquez sur ce lien :

(je mets tout juste à la vidéo, merci d’avance de votre indulgence)

Après avoir cru qu’il restait de petits morceaux de coquilles dans les nougats ramenés de Xi’an, j’ai découvert un trou dans une dent, et je me suis mise en quête d’un dentiste.

Pendant un barbecue au golf qui jouxte la ferme bio (je vous expliquerai une autre fois), on m’a recommandé le service VIP l’hôpital de stomatologie à Yantai. Mais après deux heures de bus et deux trajets en taxi (pour aller à la gare de bus de Penglai et ensuite à l’arrivée à Yantai), j’avais oublié cette histoire de service VIP. Je suis donc allée au même endroit que tout le monde.

Dentiste VIP

Je l’avais déjà remarqué l’an dernier, et cela se confirme, la confidentialité n’est pas une vertu cardinale des hôpitaux chinois. Le dentiste ici, c’est un open-space, avec des chaises longues sous solarium (enfin vous voyez tous à quoi ressemble le fauteuil chez le dentiste) séparées par des demi-cloisons. Le personnel, bien plus nombreux que les patients, s’agite de siège en siège. Pendant que je m’installe, une assistante placé du scotch sur toutes les poignées (lampe, instruments) afin de ne pas salir les gants du dentiste (?) (le scotch est renouvelé pour chaque patient).

Miracle, la dentiste parle anglais. Mais pas trop bien quand même. Elle peut expliquer ce qu’elle va faire, mais pas répondre à mes questions vu qu’elle ne comprend pas grand chose à ce que je dis. Nous réussissons tout de même à convenir d’un rendez-vous pour reboucher mon trou.

La semaine suivante, je repars donc pour la grande ville (cette fois ci en taxi avec Leo, l’autre chauffeur de taxi de Penglai qui parlait anglais, mais c’est une autre histoire)) pour soigner ma quenotte. Deux piqûres ne suffisent pas à la désensibiliser, la pauvre (et pauvre de moi), c’est donc le chef de service en personne qui vient vider le reste de la seringue dans ma joue. Cette seringue évoque pour moi le matériel médical de la 2e guerre mondiale, mais l’aiguille est stérile donc tout va bien. Au plus fort des festivités, cinq chinois coiffés d’un petit calot bleu observent mes dents, tels des pétales autour de la lampe du siège du dentiste.

Je me décrispe et commence à goûter cette expérience à sa juste valeur. Il n’est pas donné à tout le monde de se faire soigner une dent en Chine. Et combien d’entre vous ont déjà vu cinq personnes s’extasier sur la profondeur du trou dans leur dent ?

Nous discutons ensuite plombage et j’opte pour la céramique à 300 yuans (à peu près 50 euros).

A l’étage VIP (quand même !), on me filme les dents en 3D. Elles sont assez moches et pas très propres dans les coins, mais c’est une expérience fascinante. J’observe ensuite la confection sur mesure du morceau destiné à reboucher mon beau trou si profond dans une machine de compétition.

Facture VIP

A aucun moment l’idée ne m’effleure que 300 yuans est une somme bien maigre pour payer toute cette technologie au service de mon beau trou si profond. Et quand on me présente la facture de 3 000 yuans et des brindilles (500 euros donc), je suis persuadée que c’est une erreur. C’est d’ailleurs ce que j’essaye d’expliquer : « Vous vous êtes trompés d’un 0 ! »

Mais non. Nous nous sommes mal comprises avec la dentiste, et la céramique, c’est 3 000 yuans, pas 300. Je lui raconte que j’ai payé deux fois moins cher à Paris l’an passé pour la même dent de l’autre côté chez un dentiste de luxe à Paris. De toute façon, je ne peux pas payer là maintenant. Mon compte en banque chinois et à sec ; en liquide, je n’ai que 400 yuans ; l’hôpital n’accepte pas ma carte bleue française ; je ne vais certainement pas aller chercher un distributeur maintenant pour payer (à vrai dire, sur le coup, ça ne m’est même pas venu à l’esprit tellement j’étais sous le choc du bouchage du trou si beau et si profond à 500 euros).

En plus, à Paris, l’an dernier, on a reconstitué ma dent. Là j’ai un truc tout plat au fond de la bouche. C’est certainement deux fois moins haut que ma dent parisienne, ce qui rend ma dent chinoise quatre fois plus cher que sa copine française !

Les Chinois sont sensés ne jamais se fâcher, ne jamais montrer leurs émotions, mais je ne suis pas très contente et cela doit se voir. La difficulté de la situation – comment exprimer son mécontentement avec des Asiatiques ? – la fatigue, la chaleur… je suis au bord des larmes et promet de revenir payer la semaine suivante. Finie la rigolade avec mes dents en 3D… 500 euros pour un plombage, c’est une facture dont on se rappelle.

Une collègue de Benjamin téléphone au cours de la semaine pour se renseigner. Ma facture est normale. Les prix sont fixés par l’Etat et il m’a fallu trois piqûres. Il faut les payer !

Je reviens donc à Yantai une 3e fois pour régler cette facture… Ma dentiste m’accueille avec un petit laïus inscrit sur une feuille.
– Aujourd’hui, tu payes 60 % (…). Je fois faire signer mon chef.
– Non, aujourd’hui je paye tout !
Je n’ai pas du tout envie de me refaire un aller retour à Yantai dans la semaine. 2h30 aller, 2h30 retour, ça va bien !
– Non, aujourd’hui, tu payes 60 % !
Je finis par comprendre qu’on me fait une réduction ! Youpi !

Conclusion

  1. J’ai gardé le nom de la dentiste. On sait ce qu’on perd, on ne sait pas ce qu’on gagne. Et celle là était de bonne volonté.
  2. Mes dents, surtout avec de beaux trous si profonds sont un sujet très sensible. Comment ai-je pu ne pas demander les prix par écrit ?
  3. Je me pose une question : a-t-on essayé de m’appliquer un tarif spécial occidentaux avant de reculer ? Ou ai-je fait plier l’Etat chinois ?
  4. Dès que je rentre en France, je vais voir mon dentiste.

6 réflexions sur “Chez le dentiste

  1. Ha ha! tout le monde ne s’est pas fait soigner une dent en Chine mais j’ai eu à le faire en Erythrée et ce fut folklo aussi même si la dentiste, Indienne, parlait anglais… Ca fait apprécier à sa juste valeur le système de santé français…

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  2. Je prends enfin le temps de lire tes chroniques, Marine et c’est vraiment sympa. Quelle belle expérience (je ne parle pas des dents bien sûr :). Je croise les doigts pour ne pas avoir à faire un essai test comparatif avec le dentiste d’Amorgos!). Bises.
    Olivier

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