Rail trip dans le Shandong (1/2)

Le Guide du Routard n’a pas cru bon de sélectionner la province du Shandong, mais c’est là que nous vivons (et là aussi que Confucius était installé et que des millions de Chinois gravissent depuis des lustres une de leur montagne les plus sacrées). Aussi avons-nous décidé de partir en exploration pour cette semaine de vacances à l’occasion du festival de printemps. Benjamin m’avait vendu un road trip avec un collègue et sa copine mais en fait, nous ne prenons que le train, ce qui en fait un rail trip.

J1 : En Prusse

Rien de bien chinois au coeur de la « vieille » ville de Qingdao. Les rues sont petites et s’enchevêtrent sans logique apparente ; nous visitons des églises ; le palais du gouverneur, un peu choucroute à l’extérieur, abrite de très jolis éléments art nouveau. Il semble y avoir quelques petits cafés, même si aujourd’hui tout est fermé pour cause de premier jour de l’année lunaire, et comme vous pouvez l’observer sur ces quelques photos, l’architecture rappelle la Prusse.

Cette excursion hors de Chine ne dure qu’un temps car nous rejoignons ensuite des amis dans un immense centre commercial qui grouille de monde. Un peu comme si les Halles étaient bondées un 25 décembre… Nous testons une salle de jeu à la chinoise. C’est un peu comme une fête foraine : tir à l’arc, tir à la carabine, diseuse de bonne aventure, auto-tamponneuses, manèges à sensation, maison hantée… mais tout est en réalité virtuelle, avec des écrans, du bruit, des licences de marque et une ambiance de jeu vidéo. Benjamin gagne tous les jeux, sauf un de ceux où nous faisons équipe et où je le plombe. Quel homme ! Nous passons près de 4 h dans ce temple de la culture (soit autant que dans le centre historique, mais à notre décharge, il a plu toute la journée), avant de découvrir une attraction phare. Tu scannes ton visage et tu fais le phoque ! Comme je ne trouve aucun équivalent, je vous livre deux photos.

S’ensuit la difficile quête d’un restaurant ouvert – qui se termine – comme souvent ce genre de quête – au Mc Do en face de la gare.

Ah j’oubliais, nous ne sommes que quatre à l’hôtel et le gérant nous a invités à prendre le thé dans son salon (il nous a aussi laissé les clés de la maison pour vivre sa vie). Il a voyagé en Chine pendant 10 ans, écrit des bouquins (mais on ne saura pas quoi exactement) et il nous sert sur une de ces incroyables tables à thés conçues pour verser de l’eau partout autour de la théière et des tasses et un peu dedans. Cela fait chaud au cœur cet accueil (et au corps, vu que c’est la seule pièce chauffée de l’hôtel). Demain, la météo prévoit – 5°C…

J2 : Il pleut, il pleut, c’est la fête à la grenouille…

Deux jours de pluie consécutifs sont un événement rare dans le Shandong, et cette combinaison douche un peu notre enthousiasme. Nous prenons l’eau sur le front de mer de la nouvelle Qingdao avant de déjeuner chez Din Tai Fung, une chaîne taiwanaise qui sert de fameux xiaolong bao au porc. La garniture de ces raviolis exsude de la sauce et quand on mord dedans, elle explose en bouche. Miam. Il est ensuite temps de rejoindre le musée de la bière, qui est en train de fermer… Après cette journée bien remplie, nous faisons des courses pour l’apéro chez Walmart, commandons des pizzas et rentrons à l’auberge de jeunesse. Il est bien caché mais le maïs est là, dans la pizza. Comme dans 95 % des pizzas chinoises. Benjamin essaye d’ouvrir une bouteille de bière avec une autre bouteille et casse le goulot (et se coupe le doigt). Quel homme !

J3 : Entre Corse et Bretagne

Le soleil est revenu 🙂

Destination Lao Shan, un parc naturel à la sortie de Qingdao. Lao Zi (Lao Tseu pour les lecteurs de Tintin) a dû y faire un truc, car une immense statue de lui donnant une leçon le doigt levé (l’index, pas le majeur), surplombe un fort joli temple (comme la statue n’est pas très à mon goût, vous n’en verrez pas la photo). Avec ses pins, sa roche claire, blanche ou rose, son eau turquoise, la côte est très méditerranéenne. Cela ressemble un peu à l’image que je me fais de la Corse. Du bus, on oublie qu’il fait si froid dehors. A l’entrée du parc, une jolie plage dorée bordée d’un petit village fait presque penser à la Bretagne par endroit. Sur les hauteurs, de gros blocs de granite rose évoquent des animaux, certains rochers semblent prêts à s’envoler au premier coup de vent tant leur équilibre a l’air précaire. L’endroit est d’autant plus beau que les nombreux petits stands fermés laissent craindre le pire en l’été.Les Chinois sont équipés pour la rando : chaussures de marche, bâtons et j’en passe. Benjamin aussi est bien équipé, entre chaussures de trail et sac à dos ultraléger. Même sans cela, il serait toujours en tête. Quel homme ! Malgré l’apparence des randonneurs chevronnés qui nous accompagnent, seule une petite portion du parc ouvre chaque jour, ce qui limite les exploits sportifs, mais cela fait longtemps que nous avons compris que l’important, c’est d’être beau sur la photo souvenir (voir billet à venir sur nos vacances dans le Sichuan).

Nous avons ensuite le temps d’aller traîner à Badaguan, un quartier construit au début du 20e siècle. Des villas européennes bordent des allées ombragées, et le front de mer est aménagé entre plages, bâtisses et rochers. On se croirait entre la Baule et Saint Nazaire (avec de petites touches germaniques tout de même), jusqu’à la réapparition de tours au creux de la baie suivante. Nous dînons ensuite dans un mall de luxe, chez Casanova ; qui ne met pas de maïs sur ses pizzas, lui.

Parmi les curiosités marketing repérées aujourd’hui, le Paul Smith sprofessionnal coffee et l’huile d’olive Olivoilà.

Nous n’avons malheureusement pas eu le temps de retourner en Prusse, mais l’avons longée en bus, avec ses jolis petits toits rouges dans la verdure. Comme Bada-Baule-St Nazaire-Guan et Lao-Breizh-Corsica-Shan, c’est décidément une zone qui n’évoque en rien la Chine.

J4 : A la recherche du second sage

Arrivée à Qufu, une ville de moins de 100 000 habitants, autant dire un village. Après Lao Zi, nous nous attaquons à Mencius, appelé le second sage (le premier étant Confucius, dont nous visiterons le temple demain).

A Qufu, les embouteillages sont inversement proportionnels à la hauteur des bâtiments. Plus ceux ci s’élèvent à la sortie de la ville, mieux on circule. La visite du temple de Mencius, à Zoucheng, est très agréable. Des cyprès centenaires donnent de la majesté à l’ensemble, qui comprend quelques pièces vraiment anciennes, dont de très jolies colonnes sculptées de dragons et de pivoines.

Attenant au temple, la résidence des descendants de Mencius donne une bonne idée de l’habitat des mandarins et autres Chinois lettrés. Comme au temple, les cours s’y succèdent dans un agréable enchevêtrement. Nous visitons tous les bâtiments et nous demandons ce qu’est devenu le 75e descendant de Mencius qui a de toute évidence quitté les lieux depuis la publication des guides en notre possession (hors Guide du Routard puisque ce dernier, je vous le rappelle, a décidé d’ignorer le Shandong).

Parmi les repérages plus modernes de la journée, « How to be a male idol », un magasin de vêtements pour homme remporte le 1er prix haut la main. Grâce à son charme naturel, Benjamin n’a pas besoin de s’habiller là bas. Quel homme !

Le meilleur pour la fin : à l’entrée du temple de Mencius, j’ai repéré une petite boule verte que j’ai eu du mal à quitter des yeux. Mais depuis ce matin, nous sommes aussi très demandés. A tel point que la boule verte et moi avons posé ensemble sur la photo ci dessous, que je vous laisse apprécier dans ses moindres détails. C’est Benjamin qui a pris ce cliché. Quel homme !

ps : si les descriptions de temples et de parcs vous saoûlent, dites le moi et j’arrête tout de suite, parce que c’est difficile à raconter !