Rail trip dans le Shandong (2/2)

Ca va être dur de faire aussi bien que la dernière photo (celle où je pose avec mon petit dernier), mais il faut bien se lancer.

J5 : A l’école de Confucius

Hier soir, nous avons appris par coeur cinq citations de Confucius. Enjeu : une entrée gratuite dans son temple, dans la maison de ses descendants et dans son cimetière. C’est donc plein de sagesse que nous quittons l’hôtel de bon matin.
Soudain, c’est le drame.
Alors que je repère dans une vitrine un collier de perles en forme de Mickey (avec une grosse perle pour la tête et deux plus petites pour les oreilles), je perds Benjamin et nos compagnons de voyage (et eux aussi me perdent). Entre moi, au guichet, et eux, aux portillons d’entrée , la muraille qui isole le temple de Confucius de la ville…

J’ai alors l’idée géniale de demander à un Chinois de me prêter son téléphone (évidemment je n’ai pas le mien). Par trois fois, la réponse est la même : « Mei you » (pas avoir). Non mais sans blague, les Chinois sont suspendus à leur smartphone toute la journée pour téléphoner, faire un selfie, te prendre en photo, pour payer ; dans le métro, tu manques de les écraser car ils marchent au rythme de Candy Crush ; mais personne n’a de téléphone à me prêter ! Il faut dire que j’ai un trou et que je demande un téléphone (dianhua) au lieu d’un téléphone portable (shouji), une requête qui a l’air de rendre mes interlocuteurs perplexes. J’ai plus de succès quand je réoriente mes efforts vers la recherche d’un Chinois anglophone, une denrée plus rare mais plus efficace.

Nous passons ensuite l’examen : remplissage de formulaire officiel, photo d’identité et entrée dans la salle d’attente. Les candidats chinois passent un temps infini dans le bureau de l’examinatrice. Il faut dire qu’ils ont 30 phrases à apprendre. Cela va beaucoup plus vite pour nos cinq malheureuses phrases et nous obtenons brillamment le diplôme qui atteste notre connaissance de la pensée de Confucius, et donc notre droit à entrer gratuitement. Ledit diplôme impressionne fort les Chinois qui l’aperçoivent par la suite. Ils doivent penser que nous avons appris 30 phrases en Chinois…

Je passe rapidement sur le temple et la résidence des descendants. C’est la même chose qu’hier, en plus grand, plus richement décoré et surtout beaucoup plus fréquenté.
Mentionnons tout de même une petite observation au passage. Les rares sculptures rescapées de la révolution culturelle mais laissées à portée de main des touristes (ici, de jolis bas reliefs dont celui d’un homme oiseau en pleine séance d’acupuncture) sont en voie de dégradation accélérée. Ici, tout le monde touche tout pour la bonne fortune…

Le moment phare de la journée, pour la bleausarde que je suis devenue au cours de mes nombreuses années parisiennes, ce sont les alentours de la tombe de Confucius dans la forêt du même nom (après la remise du diplôme de Confucius, cela va sans dire). De petits monticules (des tombes je suppose, sinon des taupes géantes ?) et des stèles gravées (on ne grimpe tout de même pas dessus) sont disséminés dans la forêt comme dans un musée en plein air. La lumière est douce, le niveau sonore des touristes chinois a laissé place au chant des oiseaux, l’atmosphère est calme. Une expérience rare en Chine, où les forêts ont beaucoup souffert…

Ce soir, nous prenons le train pour Tai An. En 2e classe, chaque rangée compte  cinq sièges (contre quatre en première). Comme beaucoup de choses en Chine, les trains grande vitesse sont XXL. Les balises sur le quai mentionnent à chaque fois trois voitures différentes,  à l’aide d’un code couleur dont nous ignorons tout, ce qui rend un repérage efficace délicat. Nous remontons donc le train par l’intérieur, comme on visiterait une épicerie géante. Les Chinois emmènent toujours à manger en voyage, à commencer par de grands bols de nouilles déshydratées puisque l’on peut s’approvisionner en eau chaude gratuitement dans les trains.

J’oubliais… Ce midi, nous avons mangé des crêpes !

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J6 : Au sommet du Tai Shan

Ce matin, nous entamons l’ascension du Tai Shan, une des cinq montagnes sacrées de Chine. Ce total n’inclut pas les montagnes sacrées des Tibétains, qui sont vraiment sacrées puisque leur ascension est interdite. Au Tai Shan, le bruit permanent est presque plus fatigant que les milliers de marches que nous gravissons (1 400 m de dénivelé au total tout même). Le long du chemin, des dalles gravées de caractères donnent lieu à des selfies à gogo. Les pèlerins trimbalent toute une quincaillerie : bâtons d’encens, papier monnaie, faux lingots d’or, clochettes qui tintent. A chaque temple, ils font une offrande.  Je ne sais pas trop s’il s’agit de foi ou juste de superstition. Régulièrement le long de la montée, nous traversons des quartiers de marchands du temple (pour ceux qui seraient en rade d’offrandes je suppose).

De nombreux chinois sont équipés pour la rando même si le chemin est pavé de haut en bas (comme à Lao Shan  – comme dans beaucoup de parcs naturels en fait). Ce qui ne les empêche pas de porter leur déjeuner – souvent un bol de nouilles instantanées – dans un sac en plastique à la main. Accessoire indispensable, la canne de bambou (avec pommeau en plastique) qui permet (parfois) de garder l’équilibre sur des marches de plus en plus glacées au fur et à mesure que l’on monte. Dommage collatéral : beaucoup de cannes se baladent en l’air, voire dans les yeux des marcheurs suivants. Je me demande s’il y a des accidents.

Aujourd’hui encore, pas un seul occidental à la ronde. Nous avons commencé à nous habituer au regard un peu pesant de certains Chinois et à ignorer les photos prises en douce. Mais lors du déjeuner le long du chemin, pas moyen d’échapper à notre statut, à mi chemin entre star hollywoodienne et bête de foire.

Au sommet il y a un temple, donc pas de vue panoramique. En revanche, l’antenne relais et les paraboles sont bien présentes, ce qui est dommage, car avec la décrue des touristes (nous passons la nuit près du sommet), les pagodes disséminées dans la montagne et les sommets dans la brume commencent vraiment à avoir de l’allure.

J7: Sofitel nous voilà !

Lever à 6 h pour admirer le lever de soleil depuis le mont Tai Shan. Le hic, c’est qu’il se lève dans les nuages et que nous ne voyons rien, pas même un changement de luminosité. Mais les pins poudrés valent le détour. Nous entamons ensuite la descente au cours de laquelle nous croisons un occidental. Je fais ma chinoise et je m’exclame « oh, un occidental » de même qu’à notre approche, les gens s’écrient parfois (voire souvent, cela dépend des endroits) « oh, des étrangers ! ». Mais ce que nous entendons le plus souvent depuis hier, c’est « jia you! », « allez, courage ! » (littéralement « mettre de l’huile »).

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Dans chaque temple, un « assistant brûleur » s’assure que les pèlerins patientent tranquillement avant d’allumer leurs bâtons d’encens et de brûler leur papier monnaie. Sans doute pour éviter qu’ils ne s’agglutinent autour des flammes afin d’éviter les accidents. La technique de queue spontanée des Chinois est déconcertante : ceux qui marchent sur les autres passent en premier. Et là, il  y a du monde, et aussi beaucoup d’arbres sur le montagne.

Nous déjeunons chez Dicos, un genre de KFC chinois qui propose des « menus sains élaborés à partir d’ingrédients de Mère Nature ». En chemin vers la gare, nous passons devant l’hôtel Champs Flysées (sans faut de frappe de ma part). A Jinan, capitale du Shandong, nous apercevons un Kaka roti (mais je n’ai pas le temps de voir de quel commerce il s’agit) et la boulangerie voisine de notre Sofitel 🙂 proclame que « love is a cake waiting for you ».

J8: Aux racines de la Chine

Les hôtels sans chauffage, ça laisse des souvenirs, mais le Sofitel aussi. Parce qu’on n’y va pas souvent, et parce qu’on ne s’attend pas à ce que le réveil de la chambre retentisse à 5h30, ni à ce que la piscine évoque un lieu de villégiature en ex-RDA. La salle de petit déjeuner tourne sur elle même au sommet de la tour où se situe l’hôtel. Ca ne va pas très vite mais ça donne tout de même un peu mal au coeur, même si la pollution masque bien la vue. Je m’inquiète pour ceux qui abuserait du champagne (cuvée Jean-Louis) offert de bon matin.
Dans le hall, un jus de fruit détox est offert à tous. Le commentaire en anglais est typiquement chinois. Je n’ose pas goûter.

This detox fruit beverage sends you the message of the city, refreshing, light and alive. We blend the new French art de vivre into the juice to create the unique and healthy taste.

Nous visitons ensuite le musée du Shandong, drôlement intéressant malgré le peu d’explications en anglais et une apparence extérieure peu engageante. En gros, ici, des peuples anciens ont fait de super poteries et de super bronzes et ça a beaucoup compté pour le développement de la Chine. (Quand je dis super, je ne vous mens pas, certains objets sont d’une finesse remarquable).

Quand je demande ce que Confucius et Lao Zi peuvent bien se raconter sur les bas reliefs qui les représentent ensemble, Benjamin suggère que Confucius fait passer le quizz d’entrée à dans son temple à Lao Zi…
Comme on est en Chine, le musée recèle tout de même une surprise : un zoo d’animaux d’Afrique empaillés au dernier étage.

J9: Retour au bercail

Dans la rue, quasiment plus personne ne se promène avec des cartons (souvent rouges) de canard séché, de fruits, d’alcool et d’oeufs. Je pense que les oeufs ont eu beaucoup de succès cette saison à cause de l’année du coq, mais ce n’est qu’une hypothèse toute personnelle. Bref, plus de cartons de cadeaux, cela signifie que les festivités du nouvel an chinois prennent fin et qu’il faut retourner au travail !

Au fait, c’est grand comment le Shandong ?

Merci à Benjamin d’avoir réalisé ces cartes pour éclairer sur notre périple au coeur du Shandong, une province de quelques 100 millions d’habitants assez densément peuplée..

Et Confucius, qu’est-ce qu’il raconte de beau ?

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6 réflexions sur “Rail trip dans le Shandong (2/2)

  1. J’ai enfin pris le temps de tout lire bien tranquillement et de voyager avec vous a travers ces chroniques. j’ai bien aimé les anecdotes, les photos, l’examen de passage… Je me disais qu’il n’était pas nécessaire d’aller très loin pour voir des choses dépaysantes mais quand je vois la carte de Benjamin à l’échelle de la France ce n’est pas si près que cela.
    Bises

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  2. eh bien je suis toujours intéressée par tes chroniques,au moins je suis au courant de votre périple dans le Shandong,je ne pensais pas que c’était aussi grand!!!!
    c’est sympa que tu mettes des photos pour illustrer tes articles,normal que Benji ait eu son diplome il a une super mémoire et retiens tout ce qu’il veut.
    super d’avoir trouvé des crêpes mais je pense que celles du Morbihan sont les meilleures,je suis bretonne d’origine.
    Bises

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