Vive le printemps !

Fleur parmi les fleurs. Ma vie de star. La valse des surnoms. Je me suis fait larguer par les Dupondt.

Les hirondelles sont arrivées à Penglai, annonçant la saison des baignades et des barbecues. Pour l’occasion, je partage avec vous ces photos printanières du parc en bas de notre résidence.

Ma vie de star

En parlant de photos, je vous livre aussi quelques clichés pris avec des copines dans un studio photo à Penglai. Je porte une tenue de mariage chinoise car c’était le seul vêtement traditionnel disponible. Sinon, j’aurais pu mettre la robe de Cendrillon, celle de la Belle au Bois Dormant, ou même celle de la fée Clochette. Pour la deuxième série de photos, nous n’avons pas eu le choix, il nous a fallu jouer les demoiselles d’honneur d’un mariage américain et poser avec un ours en peluche. On nous a même imprimé un livret avec les photos retouchées (ça nous fait des bras un peu bizarres) et d’improbables textes en anglais.
Pour rien au monde je n’échangerais cette expérience avec une prise de vue aux studios Harcourt ! D’autant que grâce aux talents de négociatrice de mon amie Sherry, cela nous a coûté 30 euros par personne. (Je précise que les photos ci dessous sont non retouchées – nous sommes justes maquillées comme des voitures volées – rapport à la personne* qui m’a dit : « c’est fou ce qu’on peut faire avec Photoshop, on ne te reconnaît pas du tout »).

Minimoi, c’est le plus sympa !

A Penglai en ce moment, c’est l’ambiance fin de règne. Des collègues de Benjamin commencent déjà à partir…  (en réalité, il y a un turnover de fou sur ces chantiers. Mais là, ceux qui partent ne sont plus remplacés). L’occasion pour moi d’égrener les surnoms donnés à certains d’entre eux : Minimoi (il est très sympa, et quand il parle de quelqu’un, il commence toujours par dire « il est grand » ou « il est petit »), Barracuda (qui n’est pas beaucoup plus grand que Minimoi), le Pirate (qui a une boucle d’oreille et l’air d’avoir roulé sa bosse), le DJ roumain (je ne sais plus d’où lui est venu son surnom, et je ne suis même sûre qu’il soit roumain). Nous avons aussi eu une Blanquette à Penglai, mais je ne m’étendrai pas sur l’étymologie douteuse de ce surnom (« Il ne vient pas ce soir, il a Blanquette »).

Comment je me suis fait larguer par la femme de ménage

Certains de nos visiteurs (dont Lolo, mon frère) ont eu le privilège de rencontrer les Dupondt, nos deux femmes de ménage : la Chef, qui parlait tout le temps quand elle ne regardait pas des vidéos sur son téléphone, ce qui ne lui laissait pas beaucoup de temps pour récurer, et la Grande, qui travaillait beaucoup plus consciencieusement.
Lolo : elles sont efficaces ?
Marine : ça dépend.
Lolo : ça dépend de leur humeur ?
Marine : non, de la mienne. Et du courage que j’ai pour les surveiller…
Au bout de plusieurs mois (quand j’ai insisté pour que l’on passe la serpillière avec de l’eau chaude, mais je ne pense pas que ça ait un rapport), la Chef a arrêté de venir (mais sans doute pas d’empocher l’argent). Alors j’ai demandé à la Grande de rester deux heures au lieu de d’une. Ca me paraissait logique : 2 personnes X 1 h = 1 personne X 2 h. Pour faire bref, là, elle m’a rendu les clés en me disant « sorry », son premier mot d’anglais en plus d’un an (comme quoi…). Ca m’a foutu un coup. Je me suis sentie abandonnée, et surtout, j’ai eu très peur de l’avoir vexée. Alors j’ai écrit à la collègue de Benjamin qui nous les avait envoyées.
Marine : J’ai peur qu’il y ait eu un malentendu. J’ai toujours pensé que l’on payait les femmes de ménage pour 1 h – Or, 2 p x 1 h = 1 p x 2 h – Mais la Grande m’a rendu les clés et je réalise que je ne connais pas les termes de l’accord. On les paye pour combien de temps ?
Collègue : Il n’y a pas de durée prévué. Elles partent quand le travail est fait.
Marine : Mais on n’a jamais vraiment sérieusement (petite touche diplomatique, ndlr) discuté du travail à faire…
Collègue : Certains ont dit ce qu’ils voulaient qu’elles fassent, d’autres pas.
Les collègues de Benjamin n’ont jamais rien demandé de spécial puisqu’ils n’ont jamais vu les Dupondt (à part sur une photo que j’ai prise d’elles :  » tu veux voir la tête de tes femmes de ménage ? Marine a une photo ! « ), qu’ils ne parlent pas Chinois et qu’elles ne parlent pas anglais. Comme certains d’entre eux ne font ni la vaisselle, ni la lessive de la semaine, le ménage est vite torché (ceux là ne plaignent pas d’ailleurs). D’autres ont remarqué que le niveau des produits ménagers ne bouge pas et se réjouissent quand elles changent les draps (c’est la catégorie des collègues propres et fatalistes).
Conclusion : A raison d’une vingtaine d’appartements par semaine (soit 15 heures de travail hebdomadaires grand maximum), les Dupondt ont empoché environ 600 euros par mois chacune depuis environ un an (peut être un peu moins puisque la collègue de Benjamin touche probablement aussi une commission).
Quand les Dupondt et moi étions encore copines, je pensais mettre un jour leur portrait sur ce blog. Mais là je n’ose plus. A la place, je vous mets une photo floue qui illustre bien la joie que l’on éprouve à être surclassé gratuitement en business en couple pour un vol de plus de 10 heures. C’était au retour de la Nouvelle-Zélande, un magnifique voyage qui fera l’objet d’un billet prochainement.
Bon, j’ai un peu l’impression de cracher dans la soupe avec ces pauvres Dupondt alors que nous on part en vacances en Nouvelle-Zélande. Mais compte tenu du coût du travail, de l’alimentation et des logements à Penglai, elles ont vraiment gagné une fortune. Et je trouve ça dégueulasse par rapport à d’autres Chinois, beaucoup plus méritants et sympas, qui travaillent beaucoup plus et gagnent presque moins.

ps pour ceux qui s’inquiéteraient pour notre ménage : nous avons investi dans un robot aspirateur baptisé Dupondt qui nous aide bien. Il est tellement zélé qu’il s’est déjà mis en route en pleine nuit.

* ceux qui devineront qui m’a dit ça gagneront le droit d’abonner gratuitement la personne de leur choix à mon blog.