Zone de confort

Un peu plus d’un an de Chine, des rudiments de mandarin soigneusement entretenus, et l’impression de pouvoir se débrouiller dans les situations du quotidien, c’est ce qu’on appelle une zone de confort, non ? En réalité, c’est plutôt un excès de confiance ! En Chine, la zone de confort n’est ni homogène ni prévisible. Pour cette chronique, je fais un choix iconographique engagé et je décline le thème du jour au meilleur ami de l’homme.

17 mai, Shanghai

Un peu malade, je décide de préférer le confort du taxi au métro. Je montre à mon taxi où je veux aller sur mon téléphone. Il regarde à peine mais me dit « je sais, je sais » (« wo zhi dao, wo zhi dao » – 我知道, 我知道, pour ceux à qui cette affirmation peut rappeler des souvenirs… Au lieu de me conduire au parc des expos de Shanghai, il m’emmène à l’expo universelle. Heureusement, nous n’avons pas fait de gros détour.

18 mai, Shanghai

Toujours un peu malade, je décide de retenter le taxi. Alors que je monte dans le véhicule, le chauffeur en sort pour aller se soulager dans les buisson à l’entrée de ma résidence de luxe. Comme le gardien intervient avec véhémence, nous démarrons sur les chapeaux de roue pour un rodéo à 80 km/h dans Shanghai… Quand mon conducteur trouve enfin des buissons accueillants, je me dis « le pauvre, il avait une envie pressante, on va rouler normalement maintenant. » Clairement plus relax, le chauffeur est plus loquace (il me dit que les Français parlement mieux chinois que les Américains, « nali, nali – 哪里哪里“ – où ça, où ça ? –  c’est comme ça que l’on répond aux compliments en Chine, avec modestie). Bref, il est très sympa, mais il ne roule pas moins vite. Chaque feu rouge et chaque ralentissement sont comme des brûlures au fer rouge pour lui. A tel point qu’il finit par me dire – alors que nous sommes complètement, mais alors vraiment complètement à l’arrêt – que nous sommes presque arrivés et que je ferais mieux de finir à pied. Il insiste tellement que je le paye comme il le demande. Je commence à traîner ma valise sur cette espèce de bretelle d’autoroute, j’ai l’impression d’être dans un « valise à roulette movie »…

Premières heures du 19 mai, Qingdao

Il est 2 h de matin et mon hôtel n’a pas gardé ma chambre. Pourtant j’avais écrit, et Sherry téléphoné pour prévenir que j’arriverais tard. Mes rudiments de mandarin ne suffisent pas à exprimer mon désespoir. Au lieu de m’aider à trouver une chambre, ils m’envoient à l’hôtel d’à côté, un Mercure, qui s’avère lui aussi complet. Je hoquette : « Accor c’est un grand groupe. Vous ne pouvez pas me trouver une chambre dans un autre hôtel du groupe ? ». La jeune femme de l’accueil et le gardien sont aux petits soins pour moi. Ils réveillent une chef pour la traduction (je suis en mode zéro effort en mandarin, détresse complète en anglais), me trouvent une chambre et me font monter dans un Didi (le Uber chinois). En route pour le « Qingdao quelque chose Sanatorium » (!)

19 mai, 11h, Qingdao

Mon taxi me dépose au parc des expos de Qingdao. Je lui ai montré l’invitation d’un des exposants. Cela ne devait pas être suffisamment clair, puisque le salon n’est pas dans ce parc des expos. Dans lequel, donc ? Je me renseigne. On me dit d’abord que c’est au Nord, à 100 km. Puis à 30 km. Tout cela ne me dit rien qui vaille… Vais-je arriver au bon endroit si je retente ma chance ? En plus, je suis fatiguée et  toujours un peu malade. Je finis par dire au jeune cadre Chinois qui parle anglais et qui essaye de m’aider que je vais écouter les signes du destin. Je laisse tomber ce salon. Je veux aller à la gare de bus et rentrer à Penglai. A partir de de moment là, tout marche comme sur des roulettes.

20 mai, Penglai

Après une nuit de 12h, je me sens reposée physiquement et mentalement. Benjamin résume bien la situation : « en Chine, il n’y a jamais vraiment de zone de confort ».
C’est vrai, mais à chaque galère, il y a toujours quelqu’un pour m’aider (j’ai plus de galères que Benjamin qui est enfermé au bureau 10 h par jour presque 6 jours sur 7, le pauvre). La jeune femme et le gardien du Mercure, le monsieur du parc des expos de Qingdao. Au bord de la rivière Li, une paysanne a fait arrêter un bateau alors que nos appels restaient sans réponse. A Xi’an, mon chauffeur de taxi a fait preuve d’une patience infinie quand j’essayais de récupérer mon accréditation pour le G20 agricole. A Penglai, Helen m’a emmenée chez le médecin et est restée pour la traduction alors qu’elle ne me connaissait pas. C’est quand même fou : à la fois, en Chine, beaucoup de choses ne se passent pas comme prévu, et en même temps, tu finis toujours par t’en sortir grâce à la gentillesse de quelqu’un. C’est vraiment une façon de vivre très différente de la nôtre !

Une réflexion sur “Zone de confort

  1. Quand je vois tous ces petits chiens, je trouve que celui de ma voisine du rez de chaussé, qui le sort trois fois par jour, serait très bien dans la collection. Je crois me souvenir de l’avoir vu une fois habillé en hiver.

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